vendredi 8 mai 2009

Nos peaux Aiment

"Je veux pour contempler chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel comme les astrologues


Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.


Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde


Les tuyaux, Les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.


Il est doux, à travers les brumes, de voir naitre,
l'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,


Les fleuves de charbon monter au firmament.


Je verrai les printemps, les étés, les automnes,


Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,


Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.


Alors je rêverai des horizons bleuâtres,


Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,


Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin.
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin,


L'émeute, tempêtant vainement à ma vitre,


Ne fera pas lever les yeux de mon pupitre."

Charles Baudelaire
"Paysage"

1 commentaire: